[BG de Légion] La Légende

Le vent siffle dans les collines du village d’Agairon. Hormis les hurlements de lointains drakes, aucun son ne résonne. C’est alors que la route est foulée par quatre personnes de carrures différentes, dont les silhouettes sont projetées par le soleil contre les parois des falaises. Elles se dirigent d’un pas décidé vers l’ouest.

L’un prend la parole :
« Est-ce bien la peine d’aller si loin, simplement pour venger une vieille femme ?
- Ainsi est la vie des Daevas, répond la clerc. Nous sommes au service des autres, c’est pour cela que nous ont été confiés nos pouvoirs.
- Mouais…ce n’est pas l’affrontement que je redoute, mais les ampoules aux pieds : ce temple est vraiment inaccessible ! Pas d’Ether pour voler, aucun transporteur pour nous louer ses créatures… » .

Le silence s’installe à nouveau. Le temps passe, incontrôlé par les mortels.

Enfin, les contours du temple de Kyola se dessinent après un virage. L’atmosphère est inquiétante, tandis que les derniers rayons rougeoyants de l’astre de feu s’éteignent. Plus que quelques pas avant de pénétrer dans le souterrain. Chacun dégaine son arme, prépare ses sorts. La sorcière lève haut son orbe pour éclairer la route, puis renonce après avoir repéré de nombreuses torches allumées :
« Quelle idiote, le temple du feu…la lumière ne manquera pas ! ».
Les autres esquissent un léger sourire. L’assassin, qui semble être le meneur, consulte une carte rapidement dessinée par un quelconque marchand itinérant.
« A priori, c’est à droite. Nous devrions rencontrer de nombreuses créatures agressives à partir de maintenant, soyez sur vos gardes ».

Un bref affrontement s’en suit, et la porte du Temple du Feu apparaît. Chacun s’approche, sachant ce qu’il doit faire : poser sa main contre celle-ci, afin que le pouvoir des Clés soit dévoilé. Un rayonnement aveuglant éclaire la pièce en ruines, puis un grondement, et la stèle laisse le passage ouvert.

Les compagnons pénètrent, et sont soudainement pris d’un léger malaise.
« Ouch, quelle chaleur, c’est insupportable ! constate la spiritualiste du groupe.
- Je vais veiller à cela, assure la clerc, avant de lancer un sort protecteur ».

La suite n’étant que combats continus, il est inutile de les mentionner dans ces pages.

Au fond de la dernière salle du temple, Kromède, le Juge corrompu, attend ses invités, avec un sourire maléfique. Derrière elle, un miroir étrange trône, sans reflets. Mais personne n’y prête attention…seul l’affrontement est important, à ce moment.

Les regards se croisent, se jaugent. La stratégie est établie par simple hochements de tête et les lames ne tardent à s’entrechoquer. Les sorts fusent, ricochent, blessent. Soudain, alors que le combat fait rage, le miroir ondule en de vertes vagues. Aucun visage, ni même les murs de la pièce ne s’y reflètent, juste un tourbillon de plus en plus rapide. Le groupe y jette un coup d’œil, entre une parade et un coup asséné au Juge. Puis un rayon d’une puissance extraordinaire en jailli et traverse Kromède de part et d’autre, le faisant éclater en poussière l’instant d’après. Les compagnons s’observent les uns les autres, surpris par un tel événement imprévu et une victoire finalement à peine méritée.

Alors, une voix voluptueuse virevolte comme un courant d’air dans l’espace devenu sombre et violacé :
« Elyséens…élyséens…que savez-vous de l’image ?
- L’image ? demande Astralia, la clerc, une fois l’étonnement passé. Quelle image ?
- Le reflet que perçoivent les autres de votre présence. Ce qu’inspire votre existence, les sentiments que ressentent ceux qui sont en face de vous, en vous voyant.
- Hum, ce n’est pas une question évidente…mais qui êtes-vous ? interroge Teranya, la sorcière.
- La question posée n’a pas eu de réponse, il en sera de même de la votre, élyséenne. Chaque chose doit être accomplie en son temps, dit la voix mystérieuse.
- Bien, alors, pour ma part, je fais en sorte que mon image ne soit pas dévoilée. Mes talents sont déployés pour la furtivité, répond Thelurion, l’assassin.
- C’est une réponse qui me convient.
- Qui êtes-vous alors ? insiste Astralia.
- Cette question amène plusieurs réponses. Quelle est la vôtre ?
- Je souhaite être bien vue de mes compagnons, j’aime remonter le moral des attristés, soigner les maux physiques et mentaux…cela vous convient-il ?
- Toute réponse me convient, car l’image ne peut être définie, elle change, est perçue différemment par chaque personne, et à chaque instant. C’est pour cela que vous êtes ici. Pour me rencontrer ».

Les quatre Daevas se questionnent intérieurement, ne comprenant pas. Teranya reprend la parole :

« Pardon ? Notre tâche est terminée, miroir, le Juge Kromède est mort…par votre pouvoir, certes, mais le résultat est là, et nous étions venu uniquement pour réaliser le souhait d’une vieille femme, pas pour discuter avec un objet enchanté. Qui êtes-vous ?
- L’impertinence…encore une facette. Mais, je vais répondre. Connaissez-vous les Seigneurs Empyréens ? Je suis Dame Kaithiel, Seigneur des Illusions. Et je vous ai choisi pour une tâche.
- Laquelle ? interroge Ayleana, le spiritualiste ».

La voix se fait soudainement bien plus menaçante :
« Vous accomplirez ma vengeance ! Lumiel doit payer ! ».

Astralia hochant la tête en entendant ce nom, tous se tournent vers elle, qui surprise, se justifie :
« Ne me demandez pas qui est-ce, je ne le sais pas non plus ! Enfin…à moins qu’elle parle de cette Seigneur Empyréenne adorée des asmodiens…c’est elle ?
- Maudite soit-elle ! Elle m’infligea une défaite humiliante durant la Première Grande Guerre. Voici un temps infini que je souhaite regagner mon honneur. Mais Aion ne m’a pas permis de porter la main sur elle en retour. Mais vous…vous le pouvez.
- Quoi ? Vous voudriez qu’on tue un Seigneur Empyréen ? C’est impossible ! rétorque Ayleana.
- Ses sbires…vous tuerez ses sbires : les mages asmodiens. Qu’importe si d’autres se mettent en travers de votre chemin. Employez tous les moyens nécessaires, recrutez des mercenaires ou des légionnaires s’il le faut. Soyez sans pitié, ou ma vengeance se tournera contre vous, si vous me décevez ! Mais je saurais vous remercier si vous y parvenez. Dès maintenant, je partage mon pouvoir avec vous. Vous passerez maîtres dans le domaine des illusions et de la métamorphose. Travaillez votre image et faites en ce qui vous plaira. C’est vous qui en êtes maîtres, et non elle qui vous domine. Lorsque cela vous sera utile, vous pourrez vous transformer en créatures d’Atréia ou d’ailleurs.
- Je pourrai me changer en Krall si je le veux ? Ou en shugo ? ironise Astralia.
- Il vous suffit à présent de vous concentrer sur votre reflet et cela sera rendu possible, grâce à ma volonté. Maintenant allez, partez et vengez-moi. Vous serez mes porte-paroles, mes envoyés ».

Puis, dans le même tourbillon, et les mêmes vaguelettes sèches, le miroir reprit sa forme primaire. Thelurion, Ayleana, Astralia et Teranya rentrèrent donc à Agairon, et fondèrent cette légion mystérieuse et presque secrète qui porte aujourd’hui le nom de Sceau de Kaithiel…